Le projet de budget pour l’éducation est désormais achevé.
L’ampleur historique des suppressions, telle qu’annoncée fin août, est confirmée. Même l’enseignement catholique se déclare "étouffé", alors que la ponction est relativement moindre.
En effet, 11.200 suppressions correspondent, en une fois, au total de celles effectuées entre 2004 et 2007, déjà considérées comme importantes !
Evolution des postes
Second degré
Suppressions de postes -1.800 -1.500 -300 pour 14.000 élèves en moins, soit 1 prof pour 7 élèves en moins !
Remplacement -2.040 -1.700 -340 Meilleure "gestion"...
Heures supplémentaires -4.200 -3.500 -700 Suppression de postes fixes par des heures supp, que nous rappelons être moins bien payées
Stagiaires -3.000 ? ? Par suppression des postes mis aux concours...
Autres Points Dans le budget du ministère de l’Agriculture et de la Pêche, annonce de la suppression de 145 emplois dans l’enseignement agricole, déjà très largement ponctionné ces dernière années. 200 unités pédagogiques d’intégration (UPI), structures dans le second degré chargées de gérer l’intégration des handicapés dans les classes, seront créées, dont 166 dans le public et 34 dans le privé 6.000 assistants pédagogiques seront recrutés (+ 1.000 en janvier 2008 ; + 5.000 en septembre), notamment pour assurer le soutien scolaire mis en place avec le concours (financier !) des collectivités locales. Ces personnels sont précaires, nous avons fait la présentation des contrats dans l’article Assistants d’Education ou pédagogiques, EVS ... ces contrats aidés qui fleurissent dans nos établissements. Au total, le budget de l’éducation devrait rester stable, diminuant (du fait de l’inflation) encore un peu sa part dans le budget de l’Etat.
Heures supplémentaires Ou comment précariser l’emploi, rendre les suppressions d’emploi plus indolores (les heures supp d’une année peuvent facilement être supprimées) ... et prétendre à l’amélioration du pouvoir d’achat des profs en augmentant leur temps de travail.
4.200 postes supprimés aboutissent donc à l’instauration de 75.600 heures supplémentaires années (HSA). Elles seront défiscalisées (ce qui ne sert qu’à ceux qui paient l’impôt sur le revenu) et exonérées de charges sociales (environ 13,8 %). On ne connaît pas cependant l’implication de cette mesure d’exonération des charges sociales : quid des points retraite notamment ?
Et l’enseignement catholique ? Il a également manifesté son opposition. "Si le chiffre de 1.400 suppressions de postes se confirme, on ne voit pas comment on pourra faire face à la rentrée 2008, d’autant que nous avons déjà 6.000 élèves supplémentaires cette année", déclare son secrétaire général dans Libération.
L’enseignement catholique accueille 2 millions d’élèves (17 % de l’ensemble, dans le premier et le second degré, et l’enseignement agricole), une hausse de 0,3 % par rapport à 2006. Cette année, les progressions les plus notables ont été observées dans les académies de Bordeaux, Créteil, Paris, Versailles, Limoges, Strasbourg.
"Sans entrer en concurrence avec l’enseignement public, nous sommes prêts à ouvrir des antennes de collèges ou de lycées, dans les zones d’éducation prioritaire", a expliqué Eric de Labarre.
Il a reconnu un reproche souvent formulé : le privé accueille "moins d’enfants handicapés, moins de boursiers et nous sommes moins implantés dans les zones difficiles" que le public. Mais, pour en faire plus, il faudrait "des moyens nouveaux".
Actuellement, seuls onze collèges de l’enseignement catholique sous contrat ont été classés "ambition réussite" (label des établissements les plus difficiles), dans une liste complémentaire arrêtée le 1e août.
Publié le jeudi 27 septembre 2007 voir sundep national
On connait l’annonce de 11.200 suppressions de postes pour l’éducation à la rentrée 2008 (voir article).
Le SE-UNSA, qui mène depuis quelques années un travail de contre-expertise à partir de l’ensemble des données du budget, nous montre que la réalité des suppressions est encore plus élevée que le chiffre officiel...
Ce réexamen ne concerne cependant que les chiffres de l’enseignement public. Il y a peu d’espoir que ceux du privé aboutissent à des résultats très différents, du moins pour les personnels...
Retraits d’emplois massifs, recrutements sacrifiés, crédits pédagogiques en forte baisse, absence de toute perspective salariale collective ...
Dans les écoles primaires, le ministre avait annoncé 700 créations (après une promesse de 1.000 en juillet...) pour accueillir 37.000 élèves supplémentaires. L’examen des documents budgétaires montre qu’il n’y aura, en réalité, qu’un maximum de 300 créations nettes…
Un emploi créé pour 123 élèves de plus !
Dans le second degré, 2.810 Equivalents Temps Plein disparaissent 1.500 au titre de la démographie, 1.165 correspondant aux demi-services d’enseignement des stagiaires, 145 à cause de transferts alors que les effectifs ne devraient diminuer que de 14.000 élèves.
Un poste fermé pour 5 élèves en moins ! Encore faut-il souligner que ces chiffres ne correspondent qu’à des plafonds d’emplois. Dans le cadre des impératifs de la LOLF (loi organique relative aux lois de finances), cela signifie que, si l’ensemble des moyens ne peut être dépassé, il peut aussi ne pas être consommé.
Ainsi les comptes de 2006 révèlent qu’alors que les annonces ministérielles prévoyaient de créer 700 emplois, 1.700 ont finalement été supprimés dans le 1er degré ! Gain pour l’Etat de 2.400 postes...
Dans le primaire, 670 emplois de stagiaires sont supprimés, dans le secondaire 2.150. C’est donc plus de 20% des postes mis aux concours qui sont ainsi supprimés dans le 2nd degré !
C’est la confirmation du remplacement de moins d’un enseignant sur deux partant en retraite. Compte tenu de la remontée attendue des effectifs, ces décisions auront pour corollaire une réduction importante de l’offre d’enseignement (horaires, options…). Quant aux étudiants qui, depuis quatre ans, se préparaient aux concours, ils voient se refermer cruellement des possibilités d’emplois importantes.Rien ne résiste dans un projet de budget 2008 conçu autour de la seule priorité de récupération de moyens : les crédits pédagogiques sont, eux aussi, en forte baisse : -20% en maternelle, -10% en élémentaire ; les subventions aux lycées et collèges chutent de 10% pour la deuxième année consécutive.
Aucune augmentation salariale collective n’est prévue pour les personnels. Le gouvernement scelle ainsi une perte de pouvoir d’achat qui atteindra 10 % cumulée depuis 2001 !
Pour la seule fraction d’enseignants qui voudra et pourra s’adonner au "travailler plus", un abondement massif en heures supplémentaires tiendra lieu de revalorisation salariale …
D’après un texte de Luc BERILLE, Secrétaire Général du SE-UNSA
Publié le mercredi 10 octobre 2007 sundep national
Article du Monde du 10 mai 2008
Partant du principe que la meilleure défense est l’attaque, Xavier Darcos se lance dans une nouvelle bataille : il veut bâtir « le lycée à la carte » et il veut le faire en s’appuyant sur les lycéens, ceux-là mêmes, en partie, qui le contestent dans la rue depuis le mois de mars.
Interrogé vendredi 9 mai 2008 sur ce projet par Le Monde, le ministre de l’éducation avance la notion de « modularité » des enseignements. C’est-à-dire que l’esprit et le mode de fonctionnement de ce nouveau lycée se rapprocherait plus d’une logique universitaire (la construction d’un parcours individuel) que de l’organisation scolaire traditionnelle.
M. Darcos juge ainsi que les emplois du temps devraient alterner les cours et des « moments d’étude ». Et il propose surtout d’« offrir systématiquement du soutien à ceux qui en ont besoin ». Il envisage aussi de « remplacer le redoublement par des enseignements complémentaires ».
Ce point pourrait être crucial, car éliminer les redoublements au lycée permettrait d’économiser des milliers de postes. Serait ainsi illustrée l’idée énoncée par Nicolas Sarkozy dans sa prestation télévisée du 24 avril : ce ne sont pas les réductions de postes qui obligent à réformer, mais « les réformes qui permettront les réductions de postes ». En évoquant la réforme du lycée, le chef de l’Etat avait rappelé qu’elle devrait permettre « d’alléger les heures de cours, supérieures à tous les autres pays européens ». Il s’en prenait aussi à « tout un tas d’options où personne ne va ».
M. Darcos refuse d’entrer plus avant dans la description technique de sa réforme et assure que celle-ci doit faire l’objet d’un travail approfondi. Il prévoit de désigner « au plus tard le 10 juillet » une personnalité « issue de la maison », et pas forcément de droite, dont la mission sera de mener à bien la réforme du lycée, pour application à la rentrée 2009.
M. Darcos veut toutefois éviter de toucher au baccalauréat. Il est « l’un des blocs de granit sur lequel la République s’est faite », avait-il déclaré le 16 avril au magazine Phosphore. En revanche, il souhaite une meilleure préparation des lycéens de terminale à la première année d’université. Il n’exclut pas totalement, concernant le bac, des « évolutions internes » et n’a pas renoncé à « rééquilibrer » les filières des séries générales.
La réforme du lycée, estime-t-il, demandera un « aggiornamento important » de la part des enseignants, car « on ne peut pas la séparer de la commission Pochard sur l’évolution du métier ». Si la prise en compte des travaux de cette commission a été « retardée » par les perturbations liées aux grèves, M. Darcos assure que « la revalorisation promise aux jeunes enseignants sera faite ».
PLUS D’AUTONOMIE
Après avoir passé plusieurs mois à distiller certains aspects possibles de cette réforme (le lycée ne peut plus être « une machine à distribuer des cours », déclarait-il aussi à Phosphore), le ministre va engager sa mise en œuvre. Il a fait un pas décisif en ce sens en recevant, vendredi 9 mai, l’Union nationale lycéenne (UNL) et la Fédération indépendante démocratique et lycéenne (FIDL). Ces organisations ont réaffirmé leur désaccord sur les suppressions de postes d’enseignants (11 200 suppressions prévues à la rentrée de septembre 2008). Mais elles ont accepté que soient « actés », au sujet du lycée, une liste de « points de convergence ».
Le ministre a annoncé la mise en place « à titre expérimental », dès la rentrée 2008, d’un dispositif de « réussite scolaire au lycée » dans les 200 établissements rencontrant les plus grandes difficultés scolaires. Concentrée sur les actions de soutien aux élèves, cette initiative n’en sera pas moins une vitrine de la future réforme. Pour M. Darcos, ce projet est aussi une tentative de « sortir par le haut » de la fronde contre les suppressions de postes d’enseignants. Parmi les « points de convergence », le ministère évoque le fait que « les lycéens aspirent à un nouveau lycée, plus efficace » (…) et que le ministre veut « permettre une plus grande autonomie des lycéens, s’appuyant sur un enseignement plus personnalisé et préparant mieux à l’enseignement supérieur ».
La réforme « intégrera la mise en place du service public d’orientation » et « s’intéressera également à la place du lycéen dans le fonctionnement de l’établissement ». M. Darcos voit « une continuité » avec les travaux déjà menés, en 1996 par Roger Fauroux à l’occasion de son rapport sur l’école, puis en 1998 par Philippe Meirieu. Mais cette continuité, taxée de « pédagogisme », est violemment contestée à l’UMP et par ceux qui ont soutenu le ministre sur les programmes du primaire. M. Darcos se trouverait donc à fronts renversés, mais refuse de s’en inquiéter par avance. « J’essaye de suivre ma ligne de ministre réformateur », dit-il.
Luc Cédelle
Commentaires : on continue avec la technique qui consiste à reprendre les projets de ceux qui contestent, de façon floue et non engageante … Com donc au delà, comme le souligne cet article, il y a totale contradiction dans l’esprit avec les « réformes » déjà réalisées par Darcos, toutes inspirées par les conservateurs, si ce n’est réactionnaires. Ce qui limite d’autant la probabilité que ces dispositions soient mises en place un jour … tout dépend après des moyens : si l’idée est encore d’économiser des postes, il y a tout lieu de craindre un appauvrissement du lycée, au détriment de ceux qui y ont le plus de difficultés.
mardi 13 mai 2008