Les patrons ont toujours crié à la faillite à chaque fois que le rapport de force leur imposait de donner du temps libre à celles et ceux qui ne vivent que de leur travail.
Pourtant, la fin de l’esclavage, le recul du travail des enfants puis l’allongement des études, les congés payés de plus en plus longs, les 40 puis 35 heures, l’abaissement de l’âge de la retraite et l’augmentation de la durée de vie n’ont pas empêché l’explosion des profits.
L’augmentation continuelle de la productivité permet de produire bien plus de richesses en moins de temps. En France, du début du 19e siècle à la fin du 20ème, la productivité horaire a été multipliée par 30, la production par 16 et le temps de travail diminué par 2 !
Non, nous n’avons pas besoin de travailler plus longtemps ! Depuis une quinzaine d’années, les gouvernements successifs ne cessent de répéter que l’augmentation du nombre de retraités par rapport au nombre d’actifs rend impossible le financement de la retraite sur la base de 37,5 annuités de cotisations.
Ils veulent nous faire croire qu’il ne serait plus possible d’accorder une retraite à 60 ans et une pension dite complète (75% du salaire) avec 37,5 années de cotisation, alors que cela a été possible avant.
Il faudrait travailler plus longtemps, ajoutent-ils en forme de conclusion
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Jean-Marie Harribey, coprésident d’Attac, et Pierre Khalfa, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires, ont publié dans le Monde du 7 décembre 2007 le point de vue suivant. Ces dernières semaines, le conflit autour des régimes spéciaux a relancé le débat sur l’avenir des retraites. Présentées au nom de l’équité, les mesures du gouvernement visent à appliquer aux salariés des régimes spéciaux celles prises contre les salariés du privé et contre les fonctionnaires, comme si une injustice pouvait être supprimée en la généralisant.
Ces mesures ont d’abord aggravé les inégalités pour toutes les personnes aux carrières heurtées. Les femmes, qui ont déjà des pensions en moyenne inférieures de 40 % aux hommes, sont particulièrement touchées par l’allongement de la durée de cotisation et par les effets très pénalisants de la décote.
En effet, à ce jour, seulement 39 % des femmes retraitées ont pu valider 37,5 ans contre 85 % des hommes. Sont touchés d’une manière générale les chômeurs, précaires, petits boulots, temps partiels, et les jeunes générations qui débutent plus tard dans la vie active.
Depuis 1994, pour les salariés du secteur privé, ces mesures entraînent, selon le Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC), une baisse du pouvoir d’achat de la retraite du régime général de 0,3 % par an et de 0,6 % par an de la retraite complémentaire, celui de la retraite des fonctionnaires baissant de 0,5 % par an.
Ces baisses devraient se poursuivre dans le futur et le décrochage par rapport aux salaires s’accentuer. Ainsi, entre 2003 et 2030, le salaire réel moyen devrait progresser de 56 % contre 9 % pour les retraites du secteur privé. Devons-nous considérer ces évolutions comme inévitables face aux évolutions démographiques ?
Il est indéniable que le nombre de retraités va augmenter de façon importante ces prochaines années. La question préalable, que le gouvernement se garde bien de poser, est la suivante : s’il doit y avoir plus de retraités, ce que personne ne conteste, faut-il, oui ou non, leur consacrer une part plus importante du revenu national ?
La part des retraites est aujourd’hui de 12,5 % du PIB. Si nous voulons maintenir le niveau des pensions par rapport aux salaires, elle devrait passer, selon le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) de 2001, à 18,5 %. Doit-on partir du postulat qu’une telle augmentation n’est pas supportable par l’économie française ? Pourtant la part des retraites a augmenté de plus de 7 points de PIB depuis 1950, sans provoquer de cataclysme.
Il s’agit donc de poursuivre dans l’avenir un effort similaire à ce qui a été fait ces dernières décennies. Le COR note d’ailleurs le faible impact financier, estimé à 0,3 point de PIB, d’un retour aux 37,5 annuités pour le secteur privé. Pour couvrir cette évolution, il faudrait, toujours selon le même rapport, dans le pire des cas, une augmentation de 15 points du taux de cotisation à l’horizon 2040, soit 0,37 point par an.
Il est difficile de croire qu’une telle augmentation pourrait mettre toute l’économie à terre. De plus, comme le note le rapport de janvier 2007 du COR, qui s’appuie sur les dernières projections de l’Insee, les perspectives démographiques se sont notablement améliorées depuis les précédentes estimations. Les besoins de financement en seront donc diminués d’autant. On le voit, le catastrophisme n’est pas de rigueur.
En tout état de cause, aucun nouvel allongement de la durée de cotisation ne peut se justifier. Le récent rapport du COR de novembre 2007 indique que le besoin de financement supplémentaire des retraites, avec la réglementation actuelle, ne serait que de 1 point de PIB en 2020, c’est-à-dire moins que la marge d’erreur des projections économiques sur la période, et seulement de 1,7 point à l’horizon 2050 !
Pourtant le gouvernement a annoncé son intention d’augmenter encore en 2008 la durée de cotisation pour tous les salariés, du privé comme du public, le Medef proposant carrément de la porter à 45 ans.
Une vision catastrophique est d’autant moins fondée qu’un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée, la richesse créée dans les entreprises, est tout à fait envisageable. Il n’est pas acceptable de considérer comme pérenne la baisse très importante de la part des salaires ayant eu lieu ces dernières années (près de huit points), alors que, dans le même temps, la productivité du travail a continué de croître fortement (plus de 50 % en vingt ans).
Un tel rééquilibrage de la part des salaires, qu’une augmentation des cotisations patronales peut amorcer, aurait d’ailleurs des effets neutres sur la compétitivité des entreprises s’il était compensé par une baisse des dividendes versés aux actionnaires.
On le voit, des solutions existent, mais le gouvernement refuse même de les envisager. Ne restent plus alors que des mesures hypocrites et dangereuses, comme l’augmentation de la durée de cotisation.
Hypocrite, car, au vu de l’état du marché du travail, il sera de plus en plus difficile de cumuler les annuités requises pour avoir une pension à taux plein. Les entreprises se débarrassent de leurs salariés bien avant 60 ans (6 salariés sur 10 sont hors emploi au moment de liquider leur retraite), les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie active et de nombreux salariés, dont une majorité de femmes, ont des carrières discontinues et n’arrivent déjà pas à réunir le nombre d’annuités demandé.
L’augmentation de la durée de cotisation se traduira donc en pratique par une retraite réduite pour le plus grand nombre. Seuls ceux qui en auront les moyens pourront, à leurs risques et périls, se tourner, avec des assurances privées, vers la capitalisation, augmentant ainsi l’iniquité au lieu de la réduire.
Dangereuse, car elle reviendrait à rompre le contrat entre générations. Si les actifs paient les pensions des retraités, en contrepartie, les salariés âgés laissent leur place sur le marché du travail aux nouvelles générations. Cette exigence est d’autant plus forte que le chômage de masse perdure. Décaler l’âge de départ à la retraite revient à préférer entretenir le chômage des jeunes plutôt que de payer des retraites.
C’est dire que la lutte des salariés des régimes spéciaux renvoie à des problèmes fondamentaux. Ils refusent la perspective d’un alignement sans fin vers le bas de la protection sociale. Butte témoin d’une époque où le mot réforme était synonyme de progrès social, ils sont voués à la vindicte et à la hargne de ceux qui considèrent que hors du CAC 40, point de salut.
Ils refusent la logique en trompe-l’oeil du « travailler plus » alors même que les conditions de travail dans les entreprises se détériorent sans cesse et que la souffrance au travail se développe avec l’apparition de nouvelles pathologies. Bref, ils portent un combat porteur d’avenir qui pose la question de la place du salariat dans son rapport au capital et à la logique du profit.
Publié le mardi 11 décembre 2007
Article publié le vendredi 11 avril 2008.
Vive le droit à retraite à 60 ans pour toutes et tous ! "C’est une duperie de la part du gouvernement. Xavier Bertrand dit « on vit plus longtemps, il faut cotiser plus longtemps ». Faux : l’espérance de vie ne s’allonge pas, comme l’annonçait le rapport Charpin il y a dix ans d’un trimestre par an, mais d’un demi trimestre par an. Et en 2003, elle a reculé d’un mois.
L’espérance de vie est inégale et l’écart est de 1 à 7 ans entre un manoeuvre et un cadre, or le gouvernement refuse toute discussion à ce sujet.
L’espérance de vie est largement due à la retraite à 60 ans, si l’age de la retraite est repoussé l’espérance de vie diminue. Une maladie sur deux est due au travail après 55 ans.
Faux, car quelque soit l’allongement de la durée de cotisation, les Français continuent en pratique, dans la vie réelle, de travailler 37 annuités en moyenne.
37 annuités réelles pas 40.
37 annuités réelles pas 41 ni 42.
C’est le réel pas le mensonge, pas un rapport pipoté, mais la réalité !
Alors, leur demander de cotiser 41 annuités, c’est les faire sauter à la perche sans perche...
Donc le seul résultat c’est qu’ils touchent une retraite plus basse.
Donc vouloir imposer, contre la réalité, 41 annuités de cotisations, c’est baisser le niveau des retraites et non pas le protéger.
Au contraire il faut hausser les retraites et les salaires, la France n’a jamais été aussi riche, les caisses aussi pleines, les bénéfices aussi énormes, ne plongez pas les vieux dans la misère ! Défendons dans l’unité la retraite à 60 ans à taux plein. Unité de toute la gauche et de tous les syndicats sur ce mot d’ordre ! Gérard Filoche, mercredi 26 mars 2008