Il faut rappeler que le rapport Pochard, très problématique redéfinition du métier, doit être repris par le gouvernement dans un « livre blanc », à paraître ce mois, et que des dispositions législatives sortiront dans la foulée.
Compte tenu de tous les documents sortis ces derniers mois, et de la remise en cause du statut de fonctionnaire (nous ne le sommes pas, mais un certain nombre de nos garanties y sont liées !), nous pouvons craindre un passage en force pendant l’été.
Ci-dessous analyse par SUD Education.
Un des éléments majeurs sera la résistance opposée par les enseignants dans la rue : la mobilisation pour le 24 mai … et la suite y concourrons.
Trois documents récents laissent percevoir quelles sont les orientations possibles du gouvernement quant à la disparition des statuts :
le rapport Pochard de janvier 2008 - Chapitre II.3, Comment recruter et former les enseignants, le rapport Geoffroy d’octobre 2007 sur L’intégration des IUFM au sein des universités, le texte de la conférence des directeurs d’IUFM de novembre 2007 intitulé Certification, formation, recrutement pour les métiers de l’enseignement. Il s’agit là de proposer des solutions radicales de transformation du système, dans le cadre affirmé d’une harmonisation européenne : objectif avoué, développer la concurrence.
1re étape : la formation Création d’un Master professionnel “Métiers de l’Education et de l’Enseignement” au sein des universités, dont la 5e année verrait les stagiaires - pardon, les étudiants - travailler à mi-temps pendant toute l’année dans les établissements scolaires, pour le plus grand bénéfice de l’Etat.
l y aurait évidemment une sélection à l’entrée en Master (les directeurs d’IUFM proposent même une double sélection, à l’entrée en master 1 puis en master 2, histoire de bien développer le bachotage).
2e étape : le recrutement A minima, ils proposent d’alléger les concours, de créer des CAPES bivalents, voire polyvalents (suite logique du Master des métiers de l’enseignement !), de régionaliser les concours du Second degré.
Mais c’est encore insuffisant ! Le rapport Pochard est explicite : on pourrait se passer de tout concours et se contenter de l’établissement d’une liste d’enseignants à recruter par l’instance locale (Rectorat, IA, BEC, circonscription du 1er degré, ce n’est pas très précis) parmi les titulaires du Master, correspondant aux besoins (enfin, à leurs besoins !).
Ou même, troisième hypothèse, la possibilité que les titulaires du master fassent acte de candidature auprès des établissements et passent un entretien d’embauche. Il faudrait cependant, ajoute Pochard sans rire, fixer des règles nationales.
L’ouverture à la concurrence s’accentue puisque les ressortissants de l’UE, titulaires d’un Master, pourraient postuler aux postes d’enseignants en France.
Dans aucun de ces rapports, le mot fonctionnaire d’Etat n’apparaît : sous quel statut seraient recrutés les futurs collègues ? Probablement en CDI pour respecter l’harmonisation européenne.
3e étape : pas de formation, pas de statut Mais ce n’est pas assez, le rapport propose également le recrutement de “professeurs associés”, pour une durée limitée, éventuellement à temps partiel, et sans aucune condition de diplôme. Le développement de la précarité, il est vrai que le Ministère le connaît déjà…
Le rapport Pochard préconise la promotion de jeunes issus des zones difficiles, celles où les enseignants ne veulent pas rester, par l’attribution de bourses après la troisième : “On renforcerait ainsi le vivier d’enseignants issu de la promotion sociale et dont on peut espérer qu’ils constitueraient une population plus stable dans les académies fuies aujourd’hui par les néo-titulaires.” Belle perspective pour les jeunes des ghettos de s’y voir confiner dans le rôle de grands frères pompiers.
Même si le recrutement par concours est imparfait, il permet un traitement égal des candidats et garantit l’accès à la Fonction publique. Sud éducation, dans l’unité, appellera les personnels à se mobiliser devant toute remise en cause des statuts.
Commission fédérale Formation Initiale et Continue des Personnels, SUD Education
Publié le lundi 19 mai 2008
PÉTITION DE SAUVONS L’UNIVERSITÉ ! Avril 2008
Les concours d’enseignement : un instrument au service de la formation de tous les élèves et de tous les étudiants
Depuis quelques semaines, sont dévoilées peu à peu les grandes lignes d’un projet de suppression du CAPES : le concours national destiné à recruter les futurs enseignants du secondaire céderait ainsi la place à des Masters de formation à l’enseignement dans les universités. Il est vrai qu’une réflexion permanente s’impose sur la place que doit avoir la pédagogie dans la formation des futurs enseignants, mais il est absurde de faire de celle-ci l’enjeu d’une rivalité entre la maîtrise des connaissances disciplinaires et le renforcement des capacités des étudiants à affronter une situation d’enseignement… et il est tout aussi absurde de considérer que rien n’a été fait en ce sens, notamment dans les IUFM qui sont à l’interface de la formation disciplinaire dispensée principalement dans les universités et de la mise en œuvre de leurs connaissances dans des classes et des situations d’enseignement spécifiques.
Il faut donc affirmer que le développement des capacités pédagogiques des futurs enseignants ne passe pas par la suppression du principal concours d’enseignement.
En revanche, défendre et promouvoir (par un nombre de postes conséquent mis au concours) les concours d’enseignement, qui ne doivent en aucun cas déboucher sur une simple certification, c’est rappeler que leurs principales spécificités constituent le socle d’un type de formation et de recrutement issu d’une conception républicaine de la diffusion du savoir et de la formation des enseignants. Il n’est en effet pas exagéré de dire que les concours s’inscrivent dans une logique d’espace, de temporalité et d’organisation sociale républicaine.
Ces concours sont en effet et doivent demeurer
a) nationaux b) anonymes c) uniques et annuels d) associés à un programme disciplinaire et à une préparation assez longue (une année universitaire au moins) et spécifique e) liés à des postes de fonctionnaires sous statut, en nombre équivalent au nombre de places ouvertes aux concours
En cas de suppression du principal concours national de recrutement des enseignants, ces principes s’effaceraient, non sans effets immédiats sur la nature de la formation des lauréats. La fin du concours unique annuel favoriserait une différenciation des formes et des contenus des recrutements, contribuant à saper la logique d’un « service public de l’éducation nationale » au service des citoyens. Quant à la possible absence de référence disciplinaire elle aurait probablement de rapides effets délétères sur les choix privilégiés au sein des formations ainsi que sur la maîtrise de connaissances indispensables à de futurs enseignants. Sans parler du fait que, dans toutes les universités, les classes de préparation aux concours constituent souvent un espace de formation privilégié sur le plan des contenus et de la méthode, y compris pour les étudiant(e)s qui ne réussiront pas le concours.
Il est inacceptable que l’on passe subrepticement, par le biais d’un nouveau type de formation, d’une logique de recrutement de fonctionnaires à une logique d’attribution d’une certification, dont l’effet serait la constitution de listes de candidats potentiels à des postes d’enseignement précarisés, relevant souvent de recrutements locaux. La logique et les effets de l’extension indéfinie de la contractualisation trouveraient là un champ d’application rêvé. Or, cette extension du champ de la contractualisation est, on le sait, au cœur à la fois de la réforme des universités - connue sous le nom de loi LRU - et des projets d’attribution de nouvelles prérogatives aux chefs d’établissement de l’enseignement secondaire. Avec à la clé un objectif commun et inavouable : la diminution du nombre de fonctionnaires et la précarisation généralisée des métiers de l’enseignement. Une fois de plus il est ainsi notable que les projets de réforme actuellement mis en œuvre concernent en même temps et au nom de logiques et d’objectifs similaires, qu’ils soient explicites ou non, les universités et l’enseignement secondaire : c’est donc tous ensemble que nous nous devons de réagir.
Pour toutes ces raisons, les associations et organisations signataires appellent à un retrait de tout projet de suppression du CAPES et s’élèvent contre toute atteinte aux principes énoncés ci-dessus.
Pour signer la pétition, veuillez renseigner les champs suivants. Votre adresse email ne sera pas publiée sur le site.
Vous trouverez ci-dessous les noms des signataires de cet appel.
Merci de n’utiliser les majuscules que pour les premières lettres de vos noms et prénoms.
Merci de votre soutien.
Un article du Monde du 28 mai confirme que le gouvernement veut changer totalement l’organisation de la formation initiale des enseignants, pour la rentrée 2010.
Les enseignants, du 1er comme du 2nd degré, seraient recrutés au niveau bac +5, soit celui du master 2 en France et master tout court en Europe dans le cadre de l’harmonisation des enseignements supérieurs.
Les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), déjà absorbés par les universités en 2007, verraient leur rôle considérablement réduit.
Tout à sa com habituelle (qui y croit encore ?), Sarko promet une « revalorisation » du métier d’enseignant puisque l’embauche au niveau master permettra « de les payer plus cher en début de carrière ». Bien entendu, aucun dispositif précis n’est proposé …
Les universités pourraient intégrer à leurs masters disciplinaires des modules de préparation à l’enseignement et mettre sur pied des masters spécifiques. Ces derniers ne se substitueraient pas aux concours d’enseignement (Capes et agrégation pour le second degré, concours de professeur des écoles pour le premier degré), qui pourraient évoluer dans leur contenu.
Le candidat reçu à un concours serait directement affecté à un poste, sous réserve d’une titularisation définitive au bout d’un an. Une partie de son horaire serait accompagnée par des tuteurs, selon le principe du « compagnonnage ».
Encore une fois il s’agit de couper dans le budget de l’éducation : 23 000 stagiaires des IUFM (en 2007, 1er degré : 13 400, 2nd degré : 9 600) se retrouveraient directement devant des classes, et ce serait autant de salaires économisés par an (déjà 3 000 ont été supprimés cette année).
Mais pour le ministère il en va aussi de la vision réactionnaire d’un prof seul transmetteur de savoirs, ignorant toutes les recherches en pédagogie et didactique.
Certes les IUFM ne sont pas totalement satisfaisants, mais le choix de lancer un étudiant sans aucune préparation dans une classe conduirait à la reproduction de méthodes inadaptées … et surtout à des départs massifs d’enseignants dégoutés.
Ci-dessous analyse par SUD Education, et rappel des 10 compétences que doit maîtriser un enseignant au sortir de sa formation initiale (rapport du HCE du 31/10/2006).
Sommaire 1re étape : la formation 2e étape : le recrutement 3e étape : pas de formation, pas de statut Les 10 compétences d’un enseignant au sortir de sa formation initiale Trois documents récents laissent percevoir quelles sont les orientations possibles du gouvernement quant à la disparition des statuts :
le rapport Pochard de janvier 2008 - Chapitre II.3, Comment recruter et former les enseignants, le rapport Geoffroy d’octobre 2007 sur L’intégration des IUFM au sein des universités, le texte de la conférence des directeurs d’IUFM de novembre 2007 intitulé Certification, formation, recrutement pour les métiers de l’enseignement. Il s’agit là de proposer des solutions radicales de transformation du système, dans le cadre affirmé d’une harmonisation européenne : objectif avoué, développer la concurrence.
1re étape : la formation Création d’un Master professionnel “Métiers de l’Education et de l’Enseignement” au sein des universités, dont la 5e année verrait les stagiaires - pardon, les étudiants - travailler à mi-temps pendant toute l’année dans les établissements scolaires, pour le plus grand bénéfice de l’Etat.
Il y aurait évidemment une sélection à l’entrée en Master (les directeurs d’IUFM proposent même une double sélection, à l’entrée en master 1 puis en master 2, histoire de bien développer le bachotage).
2e étape : le recrutement A minima, ils proposent d’alléger les concours, de créer des CAPES bivalents, voire polyvalents (suite logique du Master des métiers de l’enseignement !), de régionaliser les concours du Second degré.
Mais c’est encore insuffisant ! Le rapport Pochard est explicite : on pourrait se passer de tout concours et se contenter de l’établissement d’une liste d’enseignants à recruter par l’instance locale (Rectorat, IA, BEC, circonscription du 1er degré, ce n’est pas très précis) parmi les titulaires du Master, correspondant aux besoins (enfin, à leurs besoins !).
Ou même, troisième hypothèse, la possibilité que les titulaires du master fassent acte de candidature auprès des établissements et passent un entretien d’embauche. Il faudrait cependant, ajoute Pochard sans rire, fixer des règles nationales.
L’ouverture à la concurrence s’accentue puisque les ressortissants de l’UE, titulaires d’un Master, pourraient postuler aux postes d’enseignants en France.
Dans aucun de ces rapports, le mot fonctionnaire d’Etat n’apparaît : sous quel statut seraient recrutés les futurs collègues ? Probablement en CDI pour respecter l’harmonisation européenne.
3e étape : pas de formation, pas de statut Mais ce n’est pas assez, le rapport propose également le recrutement de “professeurs associés”, pour une durée limitée, éventuellement à temps partiel, et sans aucune condition de diplôme. Le développement de la précarité, il est vrai que le Ministère le connaît déjà…
Le rapport Pochard préconise la promotion de jeunes issus des zones difficiles, celles où les enseignants ne veulent pas rester, par l’attribution de bourses après la troisième : “On renforcerait ainsi le vivier d’enseignants issu de la promotion sociale et dont on peut espérer qu’ils constitueraient une population plus stable dans les académies fuies aujourd’hui par les néo-titulaires.” Belle perspective pour les jeunes des ghettos de s’y voir confiner dans le rôle de grands frères pompiers.
Même si le recrutement par concours est imparfait, il permet un traitement égal des candidats et garantit l’accès à la Fonction publique. Sud éducation, dans l’unité, appellera les personnels à se mobiliser devant toute remise en cause des statuts.
Commission fédérale Formation Initiale et Continue des Personnels, SUD Education
Les 10 compétences d’un enseignant au sortir de sa formation initiale 1 - Compétence disciplinaire et culturelle 2 - Compétence en langue française 3 - Compétence à concevoir son enseignement 4 - Compétence à prendre en compte la diversité des élèves 5 - Compétence à gérer la classe 6 - Compétence à évaluer les élèves 7 - Compétence en technologies de l’information et de la communication 8 - Compétence à travailler en équipe et à coopérer avec tous les partenaires de l’Ecole 9 - Compétence à réfléchir sur sa pratique, à innover, à se former 10 - Compétence à agir de façon éthique et responsable dans le cadre du service public de l’éducation
D’après le rapport du HCE « Recommandations pour la formation des maîtres »
Publié le jeudi 29 mai 2008