Dans une série d’interviews, E. de Labarre, le nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique, évoque le nombre insuffisant d’enseignants "pour répondre à la demande des familles".
Sur le sujet, il ne demande cependant pas la remise en question de la répartition traditionnelle 80% pour le public /20% pour le privé. Il faut dire qu’elle n’est pas appliquée pour 2008 : 11.200 suppressions de postes dont 9.400 d’enseignants du public, 1.400 du privé. Si elle l’était, le privé en perdrait 2.120 (dixit le Canard enchaîné).
Surtout, il annonce la mise en place d’un groupe de travail pour "évaluer la marge de liberté des chefs d’établissement dans le fonctionnement de leur établissement au regard de la loi Debré". Sur le "caractère propre" (notion d’ailleurs jamais définie), il considère comme "suicidaire que l’Enseignement catholique cherche à imposer en son sein ce à quoi il croit, car ce faisant, il contredirait un de ses fondements essentiels, à savoir la liberté de conscience". Cependant, il souhaite "généraliser l’enseignement de la culture chrétienne par tous les établissements."
jeudi 20 septembre 2007 sundep national
"Il n’y a pas de mathématiques chrétiennes, mais il y a une façon chrétienne d’enseigner les mathématiques, la philosophie, la littérature, l’histoire, la biologie..."
L’enseignement catholique "doit rester ouvert à tous", estime son secrétaire général AP | 24.09.2007 | 22:34 > > L’enseignement catholique doit rester "ouvert à tous les jeunes, quelles que soient leurs convictions religieuses, philosophiques ou politiques", estime son secrétaire général Eric de Labarre, dans une interview à paraître jeudi dans l’hebdomadaire "Pèlerin", en réponse aux positions controversées défendues récemment par l’archevêque d’Avignon, Mgr Jean-Pierre Cattenoz.
> > "L’identité de l’enseignement catholique implique nécessairement une proposition pastorale, mais il est et doit rester ouvert à tous", souligne M. de Labarre. "Reste que l’on ne peut pas, sous prétexte de la diversité de notre public, ne rien proposer, ne rien inventer en terme d’éducation religieuse dans nos écoles."
> > "Un établissement catholique sous contrat doit proposer un projet éducatif qui s’enracine dans l’Evangile", ajoute ce laïque de 52 ans, professeur d’université, marié et père de cinq enfants. "Il n’y a pas de mathématiques chrétiennes, mais il y a une façon chrétienne d’enseigner les mathématiques, la philosophie, la littérature, l’histoire, la biologie..."> > "Toutes les disciplines doivent être abordées de manière à permettre au jeune de découvrir sa propre intériorité, d’éveiller sa conscience", explique M. de Labarre, qui a pris le mois dernier la t��te de l’enseignement catholique en France.
> > Interrogé sur le développement depuis quelques années des écoles catholiques indépendantes, il déclare : "Nous y sommes attentifs, mais il ne faut pas exagérer le phénom��ne. Je ne pense pas, en tout cas, que créer des écoles ghettos -composées uniquement de bons catholiques ou de bons musulmans- soit la bonne manière de préparer nos enfants à vivre en société".
> > Le secrétaire général de l’enseignement catholique répond ainsi indirectement à Mgr Cattenoz, qui avait estimé, au début du mois, que, "victime de son succès, l’enseignement catholique a(vait) perdu son caractère propre". Dans cette interview au "Pèlerin", l’archevêque d’Avignon proposait "de renégocier avec l’Etat une forme de contrat plus souple" et soutenait l’idée que "les diocèses puissent accueillir des établissements où la proposition de foi soit plus poussée". AP
Je ne comprends décidément pas cette nuance ? S’agit-il clairement d’une remise en cause de la laicité et des fondements du contrat d’association avec l’état ?
Une interview par le journal La Croix de l’archevêque d’Avignon, Jean-Pierre Cattenoz, lui permet de développer sa conception du rôle de l’enseignement catholique, alors qu’il vient d’élaborer une charte de l’enseignement catholique pour son diocèse.
Celui-ci pratique volontiers un discours intolérant et excluant : "l’ensemble des enseignants soit partie prenante du projet ou accepte de ne pas rester dans l’établissement" ; sélection des élèves strictement conditionnée à leur acceptation "de participer au cours de première évangélisation ou de catéchèse", "à la vie spirituelle et au projet éducatif des établissements".
Il est aussi dans l’amalgame très tendancieux, qui révèle plus sûrement ses options politiques : "modernité largement marxisée".
Est-il un individu isolé, ou s’incrit-il dans une tentative plus large de l’église et des responsables de l’enseignement catholique, déboussolés par une déchristianisation massive, et tentés, à l’instar du nouveau pape, par une réutilisation de l’"outil enseignement catholique" au service d’une "nouvelle évangélisation" ?
Nous penchons pour cette deuxième hypothèse, en constatant les nombreuses dérives : réinscription d’heures d’enseignement religieux ou de célébrations obligatoires dans les horaires des élèves, journées pseudo-pédagogiques, en fait totalement consacrées au caractère propre (Assises...), sur temps scolaire et rendues obligatoires pour tous les maîtres, tentatives de filtre des candidats aux concours d’enseignants (que nous combattons avec succès), généralisation de formations des enseignants au fait religieux, ou plus explicitement encore à l’enseignement des religions, financées par Formiris...
Nous rappelons la loi Debré qui : interdit le financement par l’Etat d’activités liées au caractère propre, oblige à effectuer toutes ces activités en dehors du temps scolaire obligatoire garantit la liberté de conscience des élèves et des personnels.
Nous agirons par tous les moyens (notamment judiciaires) pour empêcher toute dérive et toute forme d’exclusion religieuse des élèves et des personnels.
Article de La Croix du 27/9/2006 Mgr Jean-Pierre Cattenoz fait une rentrée scolaire remarquée. Dans une charte diocésaine de l’enseignement catholique, promulguée ad experimentum pour trois ans et rendue publique en juin dernier, l’archevêque d’Avignon énonce la vision de l’enseignement catholique qu’il entend promouvoir dans son diocèse. Une vision qui veut replacer "le Christ au centre" des écoles catholiques.
Dans un état des lieux sévère, Mgr Cattenoz dénonce ce qu’il appelle des "références sans vrai lien avec la foi chrétienne", un "humanitarisme bon teint" qui, selon lui, serait le lot de nombreux projets pédagogiques.
"Adhérant sans réserve, par paresse ou pusillanimité, à une modernité largement marxisée dans son fond comme dans sa forme, l’enseignement catholique est incapable d’appréhender la postmodernité qui se construit et ne peut ainsi comprendre la place qui est offerte à une vraie pédagogie chrétienne", juge l’évêque.
Contre ce qu’il nomme une "dénaturation ou édulcoration du caractère propre de nos établissements catholiques" et un "abus des valeurs de solidarité et d’ouverture à tous", il préconise une proposition d’éducation à la foi, passant par "une remise en cause radicale de nos conditionnements".
Concrètement, Mgr Cattenoz se déclare opposé à ce qu’il nomme une "catéchèse dispersée dans quelques recoins de l’emploi du temps", et demande aux établissements de proposer une "catéchèse intégrale, fondée sur la tradition des Pères de l’Église et le Catéchisme de l’Église catholique".
Pour mettre en œuvre ce projet, l’évêque demande que "l’ensemble des enseignants soit partie prenante du projet ou accepte de ne pas rester dans l’établissement".
Selon la même logique, il plaide en faveur d’une sélection des élèves strictement conditionnée à leur acceptation "de participer au cours de première évangélisation ou de catéchèse", "à la vie spirituelle et au projet éducatif des établissements, à l’exception de la vie sacramentelle".
Cette charte diocésaine de l’enseignement catholique d’Avignon arrive au moment où l’ensemble des évêques de France va réfléchir en commun sur l’enseignement catholique, sur la base d’un travail lancé en novembre dernier par un groupe présidé par Mgr Éric Aumonier, évêque de Versailles, chargé de ce dossier au sein du Conseil de l’épiscopat pour la pastorale des enfants et des jeunes.
Consultés par La Croix sur l’initiative personnelle de Mgr Cattenoz, ni la Conférence des évêques de France, ni Mgr Aumonier, ni l’enseignement catholique n’ont souhaité réagir. L’ensemble des évêques doit en effet travailler sur la question de la place de l’enseignement catholique "dans l’Église et dans la société" lors de l’assemblée plénière des évêques qui se tiendra à Lourdes en novembre prochain.
Elodie Maurot, La Croix
(1) La charte a été officiellement diffusée auprès des professionnels de l’enseignement catholique. Elle devrait être mise à la disposition d’un plus large public courant novembre, éventuellement modifiée, a indiqué le service de communication de l’évêché.
Publié le lundi 2 octobre 2006